Jean Louis Fourés

“Mes jeunes années courent dans la montagne”

« C’est en effet très jeune que la passion des papillons m’a pris. J’ai passé mon enfance dans l’admiration et l’observation des petits animaux en tous genres. J’ai élevé toutes sortes de bestioles: escargots, reptiles de tout “poil”, batraciens, insectes, petits rongeurs…
J’attendais fébrilement l’éclosion printanière des premiers hannetons qui me fascinaient.

Plus tard, les oiseaux également m’ont passionné. La volière regorgeait de passeraux dont certains étaient apprivoisés avec patience. Une buse, ramenée d’un camp scout au Maroc, vécut quelques années dans la propriété, d’abord entravée puis entièrement libre.
Tout ce qui me rapprochait de la nature m’aimantait. Les excursions montagnardes avec mes frères, la chasse et la pêche avec mon père qui m’initiait à l’ornithologie.

C’est en 1973 que je commence à concentrer ma curiosité sur les lépidoptères. J’entreprends une collection de “diurnes” comme de “nocturnes”, profitant du moindre moment extrascolaire pour “chasser”, déterminer, étaler, noter mes observations. Certains soirs, à l’internat du Lycée Agricole, au lieu d’aller me coucher, prétextant le bachotage, j’inspectais les salles de classe allumées par mes soins pour pouvoir inventorier les nocturnes attirés par les lumières des ampoules. Je passais des heures à pister la chrysalidation ou l’éclosion (maintenant on dit nym- phose et émergence) des chenilles et papillons que j’élevais dans mon cosy de lit vitré. En juillet 1974, j’effectuai un séjour au Parc Nationnal des Pyrénées, à Arrens. Mais l’entomologiste qui était censé me briffer se contenta d’attendre la fin de mon étude pour récupérer mon rapport dont je n’entendis plus parler après avoir été compli- menté. J’ai gardé de cette aventure amertume et méfiance, freinant mes désirs de communiquation enthomologique.

Ma scolarité se révélant difficile, je m’orientai vers des études agricoles qui me firent découvrir et aimer la ruralité montagnarde dans son rapport à la nature. Je découvris également la culture pyrénéenne, m’y reconnaissant entièrement. Puis, mes études agricoles terminées, j’abandonnai en deuxième année d’études supérieures de “protection de la nature”. Le contenu de cet enseignement me révol- tait. Il semblait à mes yeux vouloir soigner une maladie sans en analyser les causes. À cette époque, je rencontre celle qui va devenir mon épouse et avec qui nous vivons une belle histoire.

Je mets alors de côté mes chasses aux papillons pour pouvoir créer notre vie de paysans fromagers et élever nos trois enfants. Ce n’est que vingt ans plus tard, libéré en partie des obligations familiales et ayant la
ferme installée dans un rythme routinier équilibré que, redécouvrant la photographie avec la magie du numérique, je raccroche avec mon ancienne passion. Rapidement,j’éprouve le désir de concrétiser quelque chose. La ferme étant encore la priorité et ne pouvant m’absenter ni trop loin ni trop

longtemps, j’opte pour l’étude des papillons présents dans nos montagnes et piémonts si chers à mon coeur.
Je décide de me cantonner aux Rhopalocères qui ont des moeurs diurnes : la tache me paraît démesurée et j’ai besoin de mes nuits pour récupérer des fatigues de la journée. Et voilà… petit à petit, sans que j’y croie vraiment au début, l’inventaire prend forme. »
Jean-Louis FOURÉS